Ça fait une éternité que je n’ai pas écrit. Et plus je me disais qu’il fallait que j’écrive quelque chose, plus j’étais bloquée dans mon écriture. J’ai d’abord eu l’impression de laisser à l’abandon une partie créative que j’aime tant. Mais je n’avais pas non plus envie d’écrire pour ne rien dire, et que ce ne soit pas authentique. 

La vie est faite de cycles, de hauts et de bas et c’est un flow qui bouge constamment. Il y a eu beaucoup d’événements qui ont tout chamboulé et tout changé. Des rencontres, des nouveaux projets, des expériences inattendues et des émotions vécues dans l’intensité. Et après tant de temps d’absence, j’avais envie de faire un petit bilan sur ce que j’ai appris, les leçons placées sur mon chemin et ce qu’il en est ressorti. De pouvoir enfin mettre des mots sur ce que j’ai ressenti, d’écrire mes pensées et les partager avec vous. 

Ces derniers mois, voir années, j’ai comme senti un manque de motivation. Un manque d’envie de faire les choses que j’aime tant et qui nourrissent mon âme. Une sorte d’éternelle fainéantise et de procrastination. (J’en suis la reine) Et parfois l’étincelle revenait, puis elle repartait. J’ai comme eu besoin de faire une grande pause. Parce que je n’étais plus vraiment alignée et ancrée dans ma vie, avec qui j’étais réellement. Et j’imagine qu’on se perd pour toujours mieux se retrouver, avec plus de sagesse. 

J’ai parfois eu beaucoup de misère avec les périodes où ça n’allait pas. Où je n’avais plus envie de rien et que pour autant, en tant que professeur de yoga, je devais me montrer pour partager du bien-être avec mes élèves. Mais comment être authentique avec mes élèves quand j’étais moi-même incapable de m’offrir ce bien être et de m’occuper de moi comme je l’aurais dû. Je me suis longtemps mis énormément de pression dans le sens où j’avais envie de parler de certains sujets qui me touchaient, mais en même temps, dans mes moments plus bas, je savais que ces sujets et principes je n’arrivais pas à les instaurer et j’avais cette impression d’être une fraude. « Qui es-tu pour parler de lâcher prise quand tu es incapable de l’appliquer dans ta vie et relations ?  » 

Et puis avec le temps, et cette pression continue que je me donnais pour être partout et essayer de partager cette belle pratique et les bienfaits que le yoga m’apporte, j’ai fini par m’y perdre. Totalement. Je ne me reconnaissais plus. Je ne me retrouvais plus dans ce que je faisais. Mon inspiration avait disparu. Je luttais et ça m’épuisait. 

Une première leçon est alors arrivée. Celle d’apprendre à accueillir ce genre de moments plus bas qui étaient une invitation à ralentir. À se retrouver. Celle d’être réel et AUTHENTIQUE. Et ça commence par l’être avec soi-même. Bordel. J’en ai tellement souvent parlé et je me retrouvais à faire tout l’inverse. Heureusement qu’avec les années et la sagesse qui vient avec, je me rends compte plus rapidement des aspects qui ne sont plus en accord avec moi et comment je suis capable de changer cela. Je déteste vieillir mais il faut reconnaître que la sagesse qui s’en suit est un véritable cadeau haha. 

Apprendre à s’écouter, à s’honorer et à se poser. Alors j’ai pris plus de temps pour moi, pour ma pratique personnelle que j’avais perdu alors que c’est la source de mon inspiration et l’un de mes meilleurs outils bien être. Apprendre à se remettre en priorité. J’ai arrêté de vouloir introduire à tout prix des thèmes philosophiques dans mes cours. Je n’allais pas bien et j’avais le droit d’être mal et de ne pas avoir envie de parler de certaines choses dans mes cours. Cette acceptation s’est vraiment faite progressivement.

J’ai parfois l’impression qu’on prône cette positivité toxique alors que c’est aussi tellement nécessaire d’avoir ces moments plus bas pour se comprendre, s’explorer et réaliser certaines choses. Pour trouver un équilibre. Et puis c’est OK de ne pas se sentir bien, de ne pas être au top mentalement. C’est humain. Et je préfère être authentiquement humaine que de me forcer à être une personne qui fait semblant. Ce genre d’énergie se ressent et ce n’était juste pas moi. Je pense que c’est un bon rappel à se faire. Être capable d’accepter le fait de ne pas être OK. Embrasser cette période sans y rester bloqué car on sait que quelque chose d’autre nous attend. 

J’ai donc pris une pause. J’ai appris à nouveau à aimer ma pratique. À prendre soin de moi. À retrouver mon inspiration et envie d’enseigner. Puis j’ai trouvé d’autres passions et hobbies. L’envie de consacrer mon temps à des sujets qui m’appellent profondément. Et ça m’a fait un bien fou. Le simple fait de revenir à soi, d’être en accord avec ce que je ressentais au plus profond de moi, ça m’a vraiment permise de me retrouver et de continuer de faire ce travail intérieur pour pouvoir à nouveau avancer. 

Puis récemment, j’ai vécu une autre expérience qui m’a impactée émotionnellement, d’une manière vraiment intense. Et comme pour beaucoup de personnes, je n’ai pas su voir de suite ce que cette expérience allait m’apporter de bien. On tombe vite dans ce masque de victime. Pourquoi est-ce que ça m’arrive. Je n’étais pas prête à vivre ça. Je n’en avais pas l’envie. Et mon esprit a commencé à se battre jour et nuit contre cette expérience. Toute mon énergie était dans mes pensées, et ce n’était clairement pas de belles pensées. Plus on se bat, et plus ça devient complexe. Plus on se fatigue. Plus on se fait du mal. Sans pouvoir trouver de solution puisque cette situation était hors de mon contrôle. J’ai ressenti mon corps accueillir ce que ma tête n’acceptait pas. Et j’ai eu l’impression de passer un mois à dormir pour oublier et fuir dans un sens. Ce n’était clairement pas la meilleure chose à faire mais dans ce moment précis, c’était tout ce dont j’avais besoin. 

Bizarrement, mais pas vraiment surprenant, c’est cette situation particulière qui m’a aussi aidé à retrouver ma créativité. J’ai recommencé à écrire. Chose que je n’avais pas faite depuis des mois. En posant des mots sur mes émotions, il y a toujours des sortes de réalisations qui viennent. Des choses que j’étais incapable de voir avant.  Et quelle était la leçon derrière ça ? Lâcher prise, bien évidemment. Lâcher prise pour faire de la place à une nouvelle expérience. Lâcher prise du contrôle. Lâcher prise quand ça fait trop souffrir. Et avoir cette confiance inébranlable que nous sommes guidés. Que quelque chose d’autre nous attend. C’est apprendre à ressentir en soi toutes les émotions que l’expérience apporte sans enterrer les plus compliquées. 

C’est comprendre que rien n’est jamais permanent. La joie, la tristesse, les beaux moments de la vie. Les plus sombres. Tout ce qu’on vit change tout le temps. Tout a un début et une fin. Et c’est aussi ça qui est beau. De comprendre que si rien n’est permanent, il faut chérir et vivre pleinement les instants qu’on nous donne. Célébrer ces instants de joie car ils sont précieux. Etre capable d’accueillir sa peine et savoir que cette situation n’est pas éternelle. Que d’autres beaux moments seront à nouveau vécus. C’est accepter de se laisser un peu plus porter et de se laisser guider dans ces nombreux cycles de la vie. 

– F 🌙